Diane Zuccheretti

Tout comme les voyelles d’Arthur Rimbaud, je crois aux couleurs cachées des âmes que je tente de restituer aux visages de leurs propriétaires. Afin que chacun puisse se réapproprier ses lignes, lignes de vie, lignes directrices, lignes de perspectives, lignes de destin, je recolle les morceaux ramassés en chemin.

Au gré de mes rencontres, je recueille les petits débris de soi que chacun abandonne à son passage et je les assemble sur un fond de couleurs inspiré de l’aura de la personne. Ainsi, je transpose à la vue de tous ce qui pourrait passer inaperçu derrière nos masques du quotidien.

Ces reliefs je les récolte dans un regard dérobé, un sourire forcé, des paroles qui veulent en dire d’autres et je les réassemble délicatement sur les nuances qui leur serviront d’écrin.

Je commence toujours par les couleurs car c’est ce que je capte en premier. Elles correspondent à l’aura qui entoure la personne. Quand ce halo imprécis est posé, alors je peux y déposer précieusement le visage à la manière d’un joaillier qui organise ses diamants sur un plateau de velours.

Les lignes se croisent mais se rejoignent rarement car l’humain est une histoire inachevée qu’il ne m’appartient pas de clore, juste de raconter à un instant happé au vol.